Le leader de la junte birmane, le général Than Shwe, a accepté vendredi d'ouvrir son pays à l'aide de "tous les travailleurs humanitaires" sans considération de nationalité, annonce le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon.
Cet accord, s'il se traduit en actes sur le terrain, devrait permettre à l'aide internationale de porter massivement secours aux 2,4 millions de Birmans frappés par le cyclone Nargis dans le delta de l'Irrawaddy, la zone la plus durement touchée.
Ban s'est entretenu pendant un peu plus de deux heures avec le général Than Shwe à Naypyidaw, la nouvelle capitale birmane.
Prié de dire par un journaliste s'il s'agissait selon lui d'une avancée notable, Ban a répondu: "Je pense que oui. Il a accepté d'autoriser tous les travailleurs humanitaires sans se soucier de leurs nationalités."
Un responsable de l'Onu a précisé que Than Shwe avait clairement donné son feu vert aux organisations humanitaires pour se rendre dans le delta. "Le général a dit qu'il n'y avait aucune raison pour que ça ne se passe pas comme ça tant qu'il s'agit de véritables travailleurs humanitaires", a-t-il dit.
Ban a ajouté que le leader de la junte avait aussi donné son accord pour que l'aéroport de Rangoun, l'ancienne capitale, devienne le centre logistique de la distribution de l'aide, qui ne parvient encore qu'au compte-gouttes en raison des restrictions imposées aux organisations humanitaires étrangères.
"Il a adopté une position assez souple sur cette question", a déclaré le secrétaire général de l'Onu aux journalistes.
"J'ai insisté auprès de lui sur le fait qu'il était très important qu'il autorise l'accès à ces travailleurs aussi rapidement que possible et que l'aide soit délivrée aux personnes dans le besoin aussi rapidement que possible", a-t-il ajouté.
"BLOQUÉS À RANGOUN"
D'après des experts, des milliers de personnes pourraient mourir de faim et de maladies dans le delta de l'Irrawaddy, malgré l'ouverture de la Birmanie à une aide d'envergure. Trois semaines après la catastrophe, le bilan officiel fait état de quelque 134.000 morts et disparus.
En l'absence de détails précis sur les modalités de l'accord birman, l'annonce de Ban a suscité le scepticisme de certains responsables humanitaires.
"Rien de tout cela n'a l'air vraiment nouveau", a déclaré Dan Collison de l'organisation Save the Children, à Bangkok. "Les travailleurs humanitaires de nombreuses nationalités sont déjà en Birmanie, mais ils restent bloqués à Rangoun."
Jeudi, le secrétaire général de l'Onu a pu se rendre compte par lui-même de l'étendue des dégâts en survolant en hélicoptère une partie du delta de l'Irrawaddy, ravagé par le passage de Nargis, le 2 mai.
Ban assistera par ailleurs à une conférence de donateurs organisée conjointement par l'Onu et l'Association des Nations du Sud-Est asiatique (Asean), dimanche à Rangoun.
La junte réclame plus de 11 milliards de dollars mais les pays donateurs rechigneront à donner tant qu'ils ne pourront pas vérifier sur le terrain ces besoins, a prévenu le secrétaire général de l'Asean, Surin Pitsuwan.
La conférence de dimanche coïncide avec l'expiration de l'assignation à résidence de l'opposante Aung San Suu Kyi, lauréate du prix Nobel de la paix, mais personne ne s'attend à ce qu'elle soit libérée à cette occasion.
La Birmanie, qui fait partie de l'Asean, a accepté plusieurs vols humanitaires à atterrir à Rangoun, notamment de l'armée américaine, mais a globalement tenu les experts occidentaux à l'écart des zones les plus sinistrées.
Des équipes médicales d'Inde, de Chine, de Thaïlande, du Laos et du Bangladesh travaillent actuellement dans le delta de l'Irrawaddy aux côtés de milliers de médecins birmans et de bénévoles, rapportent les médias officiels.
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